Au sujet de la solitude à travers l'autre et de l'amour, il a un phénomène récurrent qui a fini par m'interpeller.
J'ai toujours cru qu'aimer c'était donner. Donner du temps, de la compréhension, accepter, pardonner, être patient etc...
Et puis un jour il y a eu un grand chaos dans ma vie. J'étais bouleversée et en colère. Tellement en colère que je n'avais plus envie de rien, je pensais que je ne pouvais avoir confiance en personne et que bien peu de gens me rendaient ce que je leur dispensais.
Je me suis repliée sur moi, j'ai éteint le poste de musique qui fonctionnait en permanence et j'ai écouté mes silences. Ma solitude était encore plus grande et ma colère se déchaînait.
De cette colère contre les autres, j'ai fini par comprendre que c'était à moi que j'en voulais. Je m'en voulais d'être faible, de me laisser faire, de vivre constamment les mêmes choses, d'être en colère. Le plus étrange était que je passais mon temps à dire à qui voulait bien l'entendre qu'il n'y avait pas de colère en moi puisque je vivais en permanence une absence de réaction et une acceptation.
Pour autant que je n'ai jamais eu de geste ou de parole blessante, tout en moi bouillonnait. Il a bien fallu que je rassemble à un moment choisi les débris épars de mon être.
Pour ce faire, j'ai du commencer par penser un peu à moi au lieu de penser au bien être de mon conjoint, de ma famille.
De tempérament plutôt passionné, je suis passée d'un excès à l'autre devenant une véritable égoïste. Enfin, égoïste est le qualificatif que je me donnais en me regardant d'un point de vue extérieur... Au lieu de chercher à faire plaisir, je cherchais comment me faire du bien, me sentir bien. J'ai délaissé travail, maison dans les petits riens que l'on s'oblige à faire chaque jour pour prendre le temps de rester assise le plus souvent possible à contempler la mer ou le ciel. Lorsque j'ai enfin su ce que je voulais, quand j'ai commencé à me préoccuper de moi avant de vouloir servir les miens et les autres, j'ai pu agir.
Du temps a passé.
Les vieux mécanismes ont la vie dure !
Encore dernièrement dans mon couple j'ai eu envie de donner, de prouver mon amour en acceptant ou plutôt en passant sur quelque chose qui me déplaisait.
Je me suis rendue compte que si je passais sur certaines choses dans la vie ce n'était pas parce que j'avais un bon coeur, pas parce que je voulais offrir quelque chose, ni même de la compréhension, c'est juste que j'avais
peur.
La vraie raison à l'intérieur c'est : et que se passerait-t-il si je lui faisais savoir que cela ne me convient pas ?
La réponse est : j'aurais peur d'être moins aimée, jugée, voir de le perdre.
Alors encore une fois j'ai rassemblé tous les morceaux de moi et je me suis demandée ce que je ferais si je n'avais pas peur. Et si la réponse avait été la même, alors j'aurais fait preuve de compréhension. Mais si la réponse avait été "si je n'avais pas peur, je lui dirais ce que je pense ou je refuserais de vivre ce genre de situation" alors il m'aurait fallu redevenir suffisamment égoïste pour faire ce qui est bon pour moi et non pas tolérer ce qui est bien ou facile pour l'autre.
C'est pour finir ce que j'ai fait, j'ai d'abord pensé à moi. Et chose étonnante, là ou je croyais perdre des points j'en ai gagné, j'ai gagné en respect de moi-même, mais dans son regard aussi j'ai eu plus d'intérêt encore. Ça l'a obligé à se tourner vers lui même et à approfondir notre relation.
Je croyais en définitive que la phrase "si tu veux aimer l'autre, il faut t'aimer toi même", revenait à me demander si je trouvais que j'étais quelqu'un de bien.
Par conséquent si je m'estimais être quelqu'un de bien, je m'aimais.
Maintenant je pense que s'aimer soi-même c'est avant tout se respecter et que pour cela il ne faut pas permettre aux autres de nous faire ce que par "bon coeur" on ne se permettrait pas de leur faire.
D'une façon un peu simpliste je dirais que peut-être s'aimer à deux c'est partager le même "
égoïsme "
Tara
PS : Un livre qui explique bien l'amour (et que l'on peut retrouver dans les suggestions littéraires) :
La maîtrise de l'amour de Don Miguel Ruiz.